Anastasia Granata

23/3/21



Les Jeux au théâtre, 2020

Vidéo

Le film d’Anastasia Granata met en scène des exercices d’échauffement qui se pratiquent au théâtre. Ces derniers peuvent faire penser à de petits jeux, ce qui a amené l’artiste à se questionner sur l’utilisation de la répétition dans la vidéo ; et à se demander dans quelle mesure l’hybridation des pratiques artistiques théâtrales et audiovisuelles pouvait produire un ensemble. Elle a alors invité trois personnes à participer aux différents exercices d’échauffement, deux personnes n’ayant jamais pratiqué et un amateur. Dans une thèse portant sur l’art vidéo et les répétitions, Annick Dragoni fait référence à Gilles Deleuze et son ouvrage Différence et Répétition (1968). Anastasia en cite cette phrase : « ce qui se répète c’est la répétition même » et nous explique que la répétition permet de dégager la singularité de ce qui est répété. Cela fait sens par rapport au travail de l’artiste qui avait pour objectif de répéter sans cesse les mêmes mouvements ainsi que les mêmes sons. La répétition crée différentes pensées, émotions, questionnements chez le spectateur. Ce travail pousse justement le public à se questionner sur ce concept de jeu au théâtre dans l’art vidéo et à penser au-delà du jeu.

Ainsi, l’artiste nous montre qu’une pratique artistique peut se fondre dans une vidéo grâce à un montage dynamique qui va permettre de retravailler la manière dont les images sont perçues. L’objectif est de regarder le film dans son entièreté, sans dissocier le théâtre de la vidéo ; et la succession des séquences permet de créer cet ensemble.

Le détournement d’objets, 2020

Série photographique

Le terme Récréa(c)tions a d’abord fait penser Anastasia aux jeux que nous pouvons trouver dans une cour d’école, lors de la pause bien méritée par tous les enfants. Elle a donc pensé aux objets ludiques comme les cordes à sauter, les billes, que nous pouvons trouver dans de tels lieux. Elle s’est alors inspirée d’une citation de La Bande Passante, une compagnie de théâtre : « L’objet devient le témoin des vies humaines et est porteur d’histoires ». Ainsi, il lui est venu à l’idée de prendre des objets, dans leur environnement naturel au départ, puis de les détourner, de les confronter à un lieu, un usage inhabituel, afin de leur donner un tout autre sens. Tout objet ne pourrait-il pas être une œuvre d’art ? Marcel Duchamp et son œuvre Fountain (1917), un urinoir retourné, ne peuvent qu’agrémenter cette réflexion. 

Ainsi, Anastasia nous propose un regard nouveau sur des objets du quotidien et notre utilisation habituelle de ces derniers. La corde à sauter devient étendoir à linge et les billes utilisées pour jouer dans la cour se transforment en bille d’argile dans un pot de fleurs. Elle confronte ainsi usage et esthétisme, dans une série de photographies étonnantes et déroutantes.

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